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HISTOIRE DE MES MUSIQUES CONCRÈTES, 17. CREDO MAMBO, 1992, GLORIA, 1994

15 janvier 2023

Pourquoi un chat dans cet épisode de l'histoire de mes musiques concrètes qui va être consacré au Credo Mambo de 1992, ainsi qu'au Gloria, réalisé deux ans plus tard ? Parce qu'il y avait un chat blanc, de race angora, dans la maison d'Ohain (Belgique) où Annette Vande Gorne avait financé et installé un studio « avec magnétophones », lorsqu'à son invitation j'y suis venu composer mon Credo, qui lui est dédié. Ce chat avait porte ouverte dans le studio, et il lui arrivait de venir s'y installer et de se tenir sur une table pendant que j'y travaillais pour regarder, intrigué, la bande magnétique se déroulant et se réenroulant.

Quant à celui que vous voyez ci-dessus, l'image en est tirée du film de Stephen Sommers, The Mummy, 1999, avec Brendan Fraser et Rachel Weisz ; je ne sais plus quel rôle il joue dans l'action, à part de fournir une scène où il marche avec beaucoup de précautions sur un clavier de piano à queue. Des précautions qui me rappellent le ton hésitant, entre conviction et doutes, que j'ai volontairement donné à mon Credo, première pierre d'une longue Messe réalisée entre 1992 et 2000, en deux versions, la Messe de terre, et la Missa Obscura. ...

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HISTOIRE DE MES MUSIQUES CONCRÈTES, 16. VINGT-QUATRE PRÉLUDES À LA VIE, 1989-90, CRAYONNÉS FERROVIAIRES, 1991-92

8 janvier 2023

Prise par Anne-Marie en 1989 lors des vacances d'été que nous avions passées chez mon père et sa femme à Riunoguès (Pyrénées-Orientales), voici une photo qui explique d'elle-même, à mes yeux, pourquoi l'idée d'une musique concrète en direct, ou bien la divulgation systématique de « photos de tournages sonores » ne conviennent pas à ma façon d'envisager le genre : c'est parce que la vision des causes des sons rend, dans ce domaine, tout ce qu'on entend anecdotique et réducteur. Quel intérêt cela-a-t-il de savoir que telle série de chocs qui figure, parmi bien d'autres sons, dans un de mes Préludes composés entre 1989 et 1991, est issue de ce qu'on me voit ici faire, à savoir taper avec une paire d'écrans solaires sur une canette vide de Schweppes Indian Tonic posée sur une citerne à gaz – celle-ci donnant à ces chocs une résonance de cave ? Ou de voir que le micro stéréophonique est posé horizontalement devant l'ouverture de la canette, et relié par un fil au Walkman Pro de Sony visible sur la droite ? Ou encore de mettre en évidence que, pour une fois, je vérifiais simultanément au casque le son que je produisais ?

Profitez donc de cette image : c'est presque la seule, et je n'ai pas cherché à en avoir beaucoup du même type. En même temps cette photo reste, pour Anne-Marie et moi, une petite madeleine de Proust, à usage personnel. Elle réveille les souvenirs de journées très agréables, dans le cadre isolé en même temps que confortable qu'Hélène et René Chion s'étaient créés, en se faisant construire vers 1971 une maison sans étage et tout en longueur, avec une annexe pour les invités, où on pouvait se séparer pendant la journée, vivre chacun sa vie à son rythme, travailler si l'on voulait (combien de pages de mes premiers livres ou de mes articles ai-je écrites dans le calme de Riunoguès !) et se retrouver à la table du repas ou devant la télévision, à discuter films, politique, etc. ...

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HISTOIRE DE MES MUSIQUES CONCRÈTES, 15 : DIX ÉTUDES DE MUSIQUE CONCRÈTE, 1988, VARIATIONS, 1990, SONATE, 1990

25 décembre 2022

L'image ci-dessus, tirée d'un entretien filmé avec Rodrigo Maia Sacic, date de 2011, alors que je travaillais sur une musique concrète intitulée Deuxième symphonie, mais elle me sert à illustrer une technique trouvée 24 ans plus tôt, et que j'avais baptisée « crayonné ». C'est cette technique qui m'a servi en 1987 à renouveler mon usage du magnétophone à bande, à une époque où de plus en plus de compositeurs·trices commençaient à se tourner vers le numérique. Même si mes compositions à partir de 2006 sont finalisées en fichier numérique (dans les premières années, avec l'aide précieuse et la compagnie de Geoffroy Montel), j'ai continué, pour leur réalisation, à utiliser la bande magnétique, et notamment le procédé de crayonné.

Explication : sur un magnétophone à « bande libre » (« libre » par opposition aux appareils à cassette), vous avez trois têtes devant lesquelles passe successivement la bande qui défile depuis la bobine de gauche : la tête d'effacement, celle d'enregistrement, et celle de lecture que sur la photo je désigne du doigt. Alors que dans les appareils bon marché de l'époque, têtes d'enregistrement et de lecture sont confondues en une, leur séparation sur les appareils plus perfectionnés (comme le magnétophone de studio qu'on voit ci-dessus) permet d'écouter ce qui est inscrit sur la bande en « retour», au moment de l'enregistrement lui-même, avec un décalage très bref. Sur le modèle ci-dessus, entre la tête d'effacement et celle d'enregistrement, se trouve une petite barre métallique mobile permettant d'écarter la bande du contact avec les têtes. Il me suffit alors, pendant que je suis en enregistrement, d'éloigner plus ou moins la bande de la tête d'effacement, soit par cette barre si elle existe, soit avec un objet non abrasif tel qu'un coton-tige, tout en maintenant, avec le pouce de l'autre main, la dite bande en contact avec la tête d'enregistrement, cela pour enregistrer « plus ou moins » une nouvelle chaîne sonore par-dessus le son déjà présent sur la bande, lequel est « plus ou moins » effacé. ...

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