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À la recherche de la lettre, chapitre quatre

June 15, 2025

Dans Superman III, réalisé en 1983 par Richard Lester, le super-héros volant, sous l'effet corrupteur d'une Kryptonite de synthèse qu'on lui a fait absorber et qui le rend méchant, utilise sa force d'extra-terrestre pour effectuer des actions perverses : l'une de celles-ci (c'est d'ailleurs la seule scène que je me rappelle du film, que j'ai envie de revoir car j'aime la série, et notamment l'interprète du rôle Christopher Reeve, unique par son mélange de gigantisme et d'humanité sensible) consiste à redresser par la seule force de ses muscles la Tour de Pise, faisant le désespoir des marchands de souvenirs dont l'un le maudit par le terme de stronzo

(« connard »). Heureusement, vers la fin du film, rendu à sa véritable nature, Superman/Clark Kent lui redonnera l'inclinaison qui l'a rendue mondialement célèbre. ...

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À la recherche de la lettre, chapitre trois

June 08, 2025

Il n'est peut-être pas de réalisateurs sur lequel on ait autant écrit de leur vivant, avant même leurs 60 ans, que David Lynch, décédé récemment ; l'essai que je lui ai consacré, publié en 1992 par les éditions des Cahiers du Cinéma, et réactualisé trois fois (la dernière en 2007), n'a été que le premier d'une vaste série d'ouvrages, gloses et monographies en toutes langues, en attendant des biographies que certains attendent et espèrent croustillantes. Quant à un de mes derniers papiers comme critique  – un texte élogieux, malgré les réserves qu'il contient -  dans le mensuel des  Cahiers du Cinéma, avant que je n'en quitte le comité de rédaction, il avait été précisément consacré à Blue Velvet pour sa sortie française.  Plus facile à trouver que mon livre, non réédité, cet article se trouve en ligne (hhtp://lefrance.ntic.fr/fiches/bluevelvet.pdf), et on s'étonne parfois auprès de moi qu'il paraisse avoir été trop peu enthousiaste.

Ne vous fiez pas tout de même pas aveuglément à Internet : un papier ultérieur de Nicolas Saada dans la même revue, très hostile au film palmé à Cannes, Sailor et Lula, 1990, - œuvre que j'adore – m'est attribué faussement dans la revue Décadrages par un chercheur peu soucieux de se relire, alors même que celui-ci prétend travailler scientifiquement sur la «réception» des films. Ce genre de travaux a posteriori adopte souvent une position pratique et surplombante pour s'ériger en redresseur de torts du passé, mais expose à commettre des «anachronismes» moraux et historiques, du style « comment, à telle et telle époque, n'avait-on pas-vu que ».... ...

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À la recherche de la lettre, chapitre deux

June 01, 2025

C'était, comme je l'ai raconté dans mon blog du 15 janvier 2023, un matin de juin 1992. J'avais trouvé une manière de terminer le Credo

d'une vingtaine de minutes que je composais dans le studio « analogique » (avec magnétophones) du studio de Musiques et Recherches où Annette Vande Gorne m'avait généreusement invité à venir travailler, à Ohain, Belgique. Vers six heures du matin, à  l'issue d'une nuit blanche passée à mixer l'oeuvre, je sortis avec un magnétophone portable dans le jardin situé derrière la maison où se trouve le studio. Je me sentais ivre de fatigue et légèrement  désorienté, comme on l'est dans un long trajet en avion, et j'avais envie de réintégrer – et de faire réintégrer à l'auditeur - le temps commun, le temps social. Je  m'enregistrai disant un texte improvisé dans lequel je confie au micro : « nous sommes le 10 juin 1992, un mercredi ou un jeudi, un mercredi je crois ». Improvisation en plein air à laquelle viennent se mêler des sons de la vie :  un coq chante, une motocyclette passe, et c'est cela que l'on l'entend dans les dernières minutes de l’œuvre. Ce n'était pas trop pour clore une musique un peu oppressante autour d'un texte où il est question de choses aussi faciles à dire qu'impossibles à concevoir comme : l'éternité, le Jugement Dernier, la doctrine de la Trinité, la consubstantialité du Père au Fils,  le fait que le fils est « engendré mais pas créé », etc... ...

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