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ANT(hy)POSTASE, une mini-série théorique, chapitre 2

10 décembre 2023

Voici ce qu'offrait en novembre 2009, comme primeurs, la carte bilingue d'un restaurant d'Hakone, près de notre hôtel. Un hôtel d'où, très chanceux aux dires de nos amis japonais, nous avons pu voir dans toute sa gloire, sur fond de ciel bleu, le mont Fujiyama. Nous n'avons certes pas goûté au « pressé de coq de combat », mais en tout cas, et contrairement à l'image terrifiante que donne du Japon le film de Sofia Coppola Lost in translation, dont les héros américains se perdent dans une forêt de signes illisibles, j'appréciais de retrouver dans différentes villes de ce pays, au gré des enseignes ou des menus en français ou anglais, selon la vocation du lieu, un maniement poétique de ces langues. Comme cette publicité pour un café de Yokohama nommé Café de extra, sur laquelle un monsieur échange avec une dame élégante ce dialogue en français dans le texte, et dont je respecte la ponctuation originale : « Quel, bonheur ! - Vous avez bien rencontré.

».  Ce n'est pas pour me moquer des Japonais, mais au contraire pour célébrer la diversité des idiomes sur la terre. Cette diversité même qui m'a incité à faire figurer, dans mon Livre des Sons, en cours d'achèvement, le plus de langues possibles en version originale. Je suis arrivé à 45 langues, c'est déjà ça, même si elles ne peuvent pas être représentées équitablement (bien entendu la traduction figurera toujours sous le texte original ou à côté de lui). ...

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ANT(hy)POSTASE, une mini-série théorique, chapitre 1

3 décembre 2023

Cet homme à barbiche, ce fut le philosophe allemand Hans Vaihinger (1859-1933), qui semble avoir écrit des choses bien intéressantes. Son essai de 1911 - d’autres sources disent 1923 -  Philosophie des Als Ob (La philosophie du « comme si ») a été traduit en français, aux éditions Kimé, par Christophe Bouriau.  Je n'ai lu Vaihinger ni en allemand ni en français, car il y a trois jours j'ignorais encore son existence. Jusqu'à ce que, me proposant d'écrire cinq articles sur le fait d'hypostasier, j'aie voulu vérifier les sens et les emplois du mot « hypostase ». Je suis allé sur Wikipedia, où j'ai trouvé entre autres :

« Le terme (…) vient du mot hypostasis, terme latin qui à son tour vient du grec ancien ὑπόστασις/hupóstasis, qui désigne « l'action de se placer dessous ». ...

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CINQ FOIS DEUX MOTS, 5. Prof et Professeur

22 octobre 2023

Il s'appelait Jacques Alési, enseignait le français, le latin et le grec, et c'est un des rares professeurs de l'ENP de Creil, où mon frère Jacques et moi avons passé six ans comme élèves et pensionnaires, dont j'ai retenu le nom mais aussi le style et la personne : chaleureuse, énergique, et très humaine. Non content d'être un enseignant attentif et aimant son métier, il emmenait ses élèves au théâtre, aidait et accompagnait des enfants de l'Oise à partir en vacances en colonie. Sans peine, j'ai retrouvé sur Internet une photo faite de lui à un âge très avancé (il est décédé en 2018, à 93 ans), sur laquelle je l'ai reconnu, bien que j'aie quitté Creil il y a 60 ans et n'aie fait aucune démarche pour le revoir. Je sais que sa mémoire et celle de sa femme sont très respectées dans ma ville natale.

Je me rappelle notamment un « speech », pondéré et respectueux de toutes les croyances, qu'Alési nous avait fait, dans son style très direct, en faveur de l'école publique et laïque, à un moment où des intégristes chrétiens de l'époque contestaient déjà celle-ci (je crois que c'était en 1959, j'avais douze ans). Et j'ai aussi pensé à lui au printemps 1984, lorsque des catholiques ont déclenché en France des manifestations monstres pour s'opposer à certains articles de la réforme dite Savary sur le financement des écoles privées, articles que Mitterrand a finalement retirés sous leur pression. J'ai entendu alors à la radio, dans la bouche des dirigeants de la principale association de parents d'élèves catholiques, l'Unapel, des discours d'une arrogance et d'une violence, sur un ton d'un fanatisme froid, qui m'ont rendu plus laïciste que jamais (alors que je suis toujours de sensibilité catholique). ...

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