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MON DICTIONNAIRE SUBJECTIF DE L'ALPHABET : D
16 mai 2021
de Oliveira / Branco / Gilliam / Paes / Legrand / Colombier / Demy / Silveira / Cintra / De Piis / Leblanc / Leroux / Yaguello / Benad / Barre de Nanteuil / Cappe de Baillon / Brindejonc de Tréglodé / Tillette de Clermont-Tonnerre / Godard / Dolto / Sapir / Lucrèce / Remington / Démocrite / Épicure / Deleuze / Derrida / Grondin / Bruas / Fléchelle
Révéler pourquoi et quand ces personnages du film-opéra de Manoel de Oliveira Les Cannibales, dont l'action se situe au XIXe siècle, se voient pousser des dents de vampire provenant ostensiblement d'un magasin de farces-et-attrapes, serait gâcher la découverte de ce beau film où se mêlent tragédie, opéra et, par touches comme ici, bouffonnerie. Je ne l'avais pas revu depuis sa sortie discrète en 1988 : à l'époque, le réalisateur portugais n'avait « que » 80 ans, et il devait continuer à produire des films jusqu'à l'âge de 104 ans environ, la plupart du temps grâce à l'aide fidèle du producteur Paulo Branco. On a parlé récemment de ce dernier (souvent en mal) à l'occasion de son douloureux litige avec Terry Gilliam pour le film de ce dernier sur Don Quichotte, mais je sais que sans Branco beaucoup d'œuvres importantes de cinéastes souvent jeunes mais aussi parfois plus anciens, et même comme ici très anciens, n'auraient pu voir le jour. Que ces exemples nous soutiennent ! ...
MON DICTIONNAIRE SUBJECTIF DE L'ALPHABET : C
9 mai 2021
Roudinesco / Bouteldja / Confiant / Camus / Zemmour / Chaplin / Wagner / Barenboïm / Gion / Giono / Huth / Dujardin / Breillat / Doillon / Vassé / Bonitzer / Vignal / Cherubini / Chopin / Chirac / Noetinger / Jacques Chion / De Piis / Woerth / Vande Gorne / Wickmann / Drese / Ascione / Calon / Wyckmans
Si j'en crois le nouvel essai d'Elizabeth Roudinesco, Soi-même comme un roi, essai sur les dérives identitaires que je viens d'acheter après avoir entendu celle-ci en parler sur France-Culture, mais si j'en crois aussi ce que je lis et entends de différents côtés, l'universalisme humaniste vit, sur le plan philosophique, un mauvais quart-d’heure : on l'accuse d'être un cache-misère, un joujou pour la bonne conscience de Blancs privilégiés. Il faudrait se revendiquer minoritaire, victimisé, ou si l'on est Blanc avoir le courage d'assumer, que l'on soit de gauche ou de droite, son identité véritable, celle de l'appartenance à une race d'oppresseurs et de descendants de coloniaux et d'esclavagistes. Certes, ce que comporte de paternaliste la position de certains humanistes européens sur les « droits de l'homme » dans d'autres pays est parfois pesant (voir mon blog Sans visibilité – chapitre 18). Sur de nombreux sujets, je ne vois pourtant pas d'autre position à défendre, parce que les identitaires de gauche, aux USA et en France notamment, font - rapport de force oblige - le jeu d'identitaires autrement plus influents et puissants, qui sont ceux à l'extrême-droite. Dans notre pays, les Houria Bouteldja et les Raphäel Confiant font le jeu des Renaud Camus et des Éric Zemmour ; évidemment ils le savent et probablement ils en attendent de la notoriété, ainsi qu'un semblant de confirmation pour leur position. Mais le résultat final n'en sera pas plus brillant. ...
MON DICTIONNAIRE SUBJECTIF DE L'ALPHABET : B
2 mai 2021
Varda / Marchand / Rabier / Mozart / De Piis / Nodier / Mallarmé / Tolstoï / Giono / Rappeneau / Flaubert / Fellini / Cavazzoni / Benigni
Troisième long-métrage d'Agnès Varda (mais le premier, La pointe courte, tourné en 1955, n'avait eu qu'une sortie très discrète), Le Bonheur était, je me le rappelle, l'ayant vu à sa sortie en 1965, un film très attendu : l'auteure avait obtenu un grand succès avec Cléo de cinq à sept, film que j'ai revu en le montrant il y a quatre ans à Vidéosphère et qui garde tout son charme, sa beauté visuelle et sa vie. Cléo retrace le périple parisien, censé se dérouler en temps réel de 17h à 18h30 environ, d'une chanteuse populaire jouée par Corinne Marchand, qui attend les résultats d'un examen de dépistage du cancer, et sort déprimée d'une consultation chez une cartomancienne... Au moment où elle en sort, le film, commencé en couleurs, passe jusqu'à la fin au noir-et-blanc. Visiblement, le film suivant, Le Bonheur cherche un renouvellement aussi bien dans l'histoire que dans le cadre: nous ne sommes plus chez des artistes mais chez des « gens », une postière, un menuisier, la vie familiale, et des bébés avec un B comme bonheur, bien que l'histoire prenne ensuite le caractère dramatique d'un fait divers. Nous n'avons plus les quartiers peuplés de Paris avec ses taxis, ses vitrines et ses autobus, mais les rues et les alentours de Fontenay-aux-Roses, le tout dans les couleurs volontairement vives de Jean Rabier. Et dans le son, deux musiques de Mozart, dont cette du Quintette avec clarinette. Beaucoup, au début, d'images de tournesols en fleur et de bébés, dont celle-ci que je trouve très jolie. Je me souviens à la sortie – j'avais dix-huit ans, l'âge légal pour voir le film – l'avoir plus regardé passer sans m'attacher, sans le suivre, que m'être embarqué avec. Les plans se succédaient mais l'histoire ne les traversait pas, ne les faisait pas oublier. Peut-être aussi la musique de Mozart était-elle en trop, une fausse bonne idée. ...